Au XVIIIe siècle, le climat est changeant, l’atmosphère chargée d’orages, d’effervescence et de bouillonnement scientifique et révolutionnaire. La devise du siècle des Lumières, « Osez ! », est un appel à l’innovation, libérant un bouillonnement d’initiatives, un désir d’affranchissement des préjugés, des traditions, des autorités. L’impératif des Lumières résume le besoin nouveau de liberté, la soif de libération, l’exaltation des possibilités de l’homme. La fièvre de changements, la révolte contre la tyrannie de la raison, procèdent d’une insoumission de principe, sans laquelle aucune réflexion sérieuse n’aurait pu se développer. Grâce à Newton, le monde clos s’ouvre à l’infini et l’esthétique de la variété et de l’irrégularité qui prend la place du baroque et de la manière classique doit son développement à celui du newtonianisme. On se dirige vers un art de la sensibilité, une esthétique de l’irrégularité, qui s’opposent à l’art classique fait de cohérence et de raison. Rupture de l’harmonie, le sublime, esthétique de la démesure, inséparable de la disproportion et procédant d’un art de l’imagination et de la suggestion, recherche l’imprécision et l’incertain, faisant frissonner. Derrière ce choix esthétique se cachent de véritables enjeux idéologiques ; le rejet de la symétrie, surtout de la ligne droite, et la préférence pour l’irrégularité et la ligne courbe répondent à des attentes d’ordre idéologique et philosophique. L’époque fonde l’individu juridique et politique, réhabilite l’originalité et le plaisir, revendique pour tous le droit au bonheur. Cette mutation fondamentale coïncide avec l’épanouissement de la notion d’individu et cela se manifeste en littérature par l’émergence de la forme nouvelle du roman, notamment du roman gothique.