Guillaume Néry, un parrain a couper le souffle

Crédits : Franck Seguin

Pour incarner la thématique de la Fête de la science 2024 "Océan de savoirs", c'est l'apnéiste Guillaume Néry qui s'est imposé comme une évidence. Le champion du monde d'apnée et amoureux du monde aquatique, est le parrain de la Fête de la science 2024 !

Qui est Guillaume Néry, le parrain de la Fête de la science 2024 ?


Guillaume Néry grandit sur les bords de la Méditerranée à Nice où il commence la plongée en
apnée à l’âge de 14 ans. Spécialiste de la discipline du « poids constant » (descente et remonté en
palmant), il bat à quatre reprises le record du monde en profondeur dans la Rade de Villefranche et
gagne deux fois le titre de champion du monde.

En 2015, il est victime d’un grave accident en réalisant la plongée la plus profonde de l'histoire avec
moins 139m de profondeur, suite à une erreur de mesure de l’organisation.

Guillaume décide alors de prendre ses distances avec la poursuite des records pour se
consacrer pleinement à la transmission de sa passion aux travers d’une approche artistique.
Il réalise des courts-métrages sous marin qui cumulent des centaines de millions de vues sur internet
et partage son expérience lors de conférences pour de nombreux publics. Récemment, il s’est lancé dans l’écriture, convaincu de la force des mots et de la langue pour faire naitre une réflexion profonde.

Je ne suis pas un homme poisson. Je suis un humain aquatique qui plonge en apnée sous les mers et les océans comme un art de vivre.

Guillaume continue de tutoyer les profondeurs animé par la soif de l’exploration des océans et de
l’exploration intérieure. Il s’entraine toute l’année à Nice et crée en parallèle avec son équipe la
BLUENERY ACADEMY, un centre d’apnée à Villefranche sur Mer dont le programme est pensé
pour les débutants afin de reconnecter le plus grand nombre à l’eau et aux pouvoirs de la
respiration.

Aujourd’hui, il continue d’explorer le potentiel humain, accompagné par des médecins et des
scientifiques, animé par le désir de partager les bienfaits de la maitrise du souffle et des techniques
d’apnée pour la santé.

 

Dans le regard de… Guillaume Néry, apnéiste

Pourquoi avez-vous accepté d’être parrain de la Fête de la science ?

Je m’intéresse à l’univers scientifique depuis l’enfance. Je voulais devenir astronaute, puis astrophysicien. La science représentait le moyen d’apporter des réponses à de grandes questions autour des mystères de l’Univers et de sa création. J’ai découvert ensuite toutes les disciplines en lien avec la science, et j’avais l’impression qu’elle était une clef pour comprendre le monde qui m’entourait. Mes parents qui travaillaient aussi en lien avec la science (ma mère prof de mathématiques et mon père technicien en médecine nucléaire) encourageaient cette curiosité en m’achetant des magazines et des livres de vulgarisation scientifique. Quand je me suis passionné pour la plongée en apnée, c’est par la science que j’ai tenté de percer et de comprendre les capacités incroyables d’adaptation du corps humain. En devenant le parrain de la Fête de la Science, dont le thème est « Océan de savoirs », je veux transmettre ce message aux plus jeunes et au grand public que l’approche scientifique est indispensable aujourd’hui pour questionner notre monde, ses bouleversements et mieux le comprendre.

Quel rôle la science joue-t-elle dans votre vie quotidienne ?

À titre personnel, j’ai gardé de ma formation scientifique une méthodologie, une manière d’aborder des questionnements ou des problèmes à résoudre. Dans un monde où tout et son contraire se disent et se partagent avec internet, nous avons besoin plus que tout de la rigueur scientifique pour avancer dans notre quête de connaissance. Aujourd’hui, j’essaye de faire la distinction entre le savoir et la croyance. La plongée en apnée m’a appris à savoir écouter une intuition, mais l’intuition seule ne suffit pas et c’est la validation scientifique qui construit ensuite un chemin de connaissance vers le savoir. Je dirais que la science me permet aujourd’hui de questionner toutes les informations qui me parviennent, de faire le tri et de développer mon esprit critique. Par contre, je garde un regard lucide sur la science, et je reprendrais François Rabelais qui fait dire à son personnage Gargantua que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». C’est le devoir de la science aujourd’hui de se questionner sur son dessein et de veiller à ce qu’elle œuvre avant tout sur le bien commun, à savoir le respect du vivant sur notre planète.

Vous avez un rapport particulier à l’océan : racontez-nous une expérience marquante avec lui.

Mon rapport à l’océan n’a cessé d’évoluer au cours des années. D’abord, c’était ma boussole. J’ai grandi au bord de la Méditerranée, à Nice, et voir la mer était une sorte de besoin primaire. Tous les étés, je m’y baignais comme une évidence. Quand j’ai commencé à plonger, la mer est devenue un terrain d’expérimentation pour alimenter ma soif d’exploration de l’inconnu et des limites humaines. Je n’ouvrais pas encore vraiment les yeux sur la vie foisonnante qu’elle contenait. Puis, j’ai commencé à plonger dans d’autres mers et océans et j’ai appris à découvrir ce monde fascinant, sa biodiversité et bien évidemment sa fragilité.

Aujourd’hui, je plonge ou je nage en mer presque chaque jour, car c’est un des derniers refuges, un des derniers sanctuaires dans lequel on peut encore ralentir, se mettre entre parenthèses de la frénésie de nos quotidiens et s’abandonner à l’élément. Cette sensation est si bénéfique pour le corps et pour la tête, que je veux la faire découvrir et la faire ressentir au plus grand monde avec des films et des livres. Je veux aussi rappeler qu’on doit entendre les cris de détresse du monde sous-marin, que la communauté scientifique s’évertue à relayer depuis des décennies avec d’innombrables études qui toutes nous alertent sur la catastrophe en cours.

Nous devons changer radicalement notre rapport à la nature et plus particulièrement à l’océan, qui n’est envisagé depuis les derniers siècles que dans une vision utilitariste. Je terminerai en disant, au vu de ce constat, que la science aujourd’hui a besoin de poésie et de philosophie pour choisir le bon cap. J’oubliais la rencontre marquante, celle du léopard des mers en Antarctique. C’est un grand prédateur et j’appréhendais de nager à ses côtes tout autant que j’en rêvais. Une fois à l’eau, nous avons comme danser l’un avec l’autre, sous l’autre pendant près d’une heure et ce fut une de mes rencontres sous-marines les plus douces et délicates. J’ai vraiment eu cette impression d’avoir partagé un moment d’une grande intimité avec ce magnifique mammifère, et le décor de montagnes et de glaces de l’Antarctique que j’avais rallié à la voile a sublimé le moment.

 

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