On la pense logiquement tournée vers le passé : notre mémoire est en fait orientée vers le futur. La mémoire du futur est d’ailleurs une thématique de recherche essentielle depuis une dizaine d’années. Quelles sont les grandes fonctions de cette mémoire prospective qui œuvre à nos prises de décision ? Comment s’articule-t-elle avec la mémoire du passé ? Quelles sont les pathologies qui la mettent à mal ? Que peut-on attendre des recherches en cours ? Aujourd’hui cette mémoire du futur, indispensable pour orienter notre devenir sur le plan individuel comme sur le plan collectif, est imbriquée avec les nouveaux moyens d’information et de communication, l’intelligence artificielle et la robotique. Comment nos « mémoires internes » évoluent-elle face à l’usage exacerbé de ces « mémoires externes » ? Possède-t-on, en tant que scientifiques, des mesures qui permettent d'apprécier l'évolution de nos capacités mnésiques consécutive à l'emprise du numérique sur nos activités quotidiennes ? Comment trouver le point d’équilibre entre nos mémoires pour continuer à élaborer et construire notre avenir, tant individuel que collectif ?

Un événement rediffusé en hommage à Bernard Stiegler

Un formidable messager, un passeur de mémoire nous a quittés. Le philosophe Bernard Stiegler s’en est allé mais la richesse de ses réflexions livrées dans son œuvre prolixe et inspirante constitue un héritage précieux pour ses contemporains et les générations futures.

Empreint de convictions profondes, cet homme engagé s’interrogeait sur l’Homme et son devenir dans le monde qui l’entoure, la société et l’environnement qu’il façonne.  Il nous questionnait sur les répercussions des évolutions générées par les nouvelles technologies notamment et qui bouleversent notre quotidien mais également les organisations au sens large, économiques, politiques. Bernard Stiegler portait sur le monde un regard acéré, intransigeant, à la recherche d’une autre voie pour l’avenir et les générations futures mais toujours avec bienveillance.

« Chaque génération doit apprendre à vivre avec un monde qui change, et l’éducation est la condition de la capacité à exister dans un tel monde. C’est pour cela que l’être humain intériorise du savoir, de la culture et de la science tout au long de sa vie. »

Sa pensée éclairante, il l’a distillée aux quatre coins de la planète où il a enseigné avec cette farouche volonté de transmettre et de partager, de prévenir et d’accompagner.  Ses collaborations multiples au sein de l’Observatoire B2V des Mémoires entre autres, dont il était un membre actif, nous laisse un patrimoine mémoriel foisonnant que nous continuerons à diffuser.