Parce que les hommes y voyagent depuis des millénaires, on croit la Méditerranée sans secrets. Parce qu’ils l’ont conquise et maltraitée, on la croit dévastée. Le berceau de nos civilisations serait devenu la poubelle de nos sociétés ou la piscine de nos vacances. Et pourtant, si le tourisme peut tuer l’exotisme – et la pollution tout le reste – la Méditerranée est toujours une mer vivante, et elle est encore une mer à explorer.

C’est ainsi qu’au cœur d’une Méditerranée observée depuis des siècles, le jeune Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l'Agriate dévoile ses beautés secrètes, et plus encore ses mystères : plus d’un millier d’étranges anneaux, de 20 mètres de diamètre, parfaitement circulaires, et comme dessinés sur le sable par 120 m de profondeur. Des formations inexpliquées au milieu d’un écrin de biodiversité plus fascinant encore : des grandes gorgones-peigne immaculées, des champs ondoyants de laminaires,  des alignements de grottes sous-marines inexplorées, refuges de l’inaccessible mérou à dents de chien. C’est aussi dans les eaux du Parc, que le requin-ange de mer, disparu du continent, a trouvé refuge. Il est même fidèle à un grand rendez-vous annuel : la saison de reproduction des picarels, ces petits poissons qui chaque printemps fabriquent des millions de nids, à perte de vue sur les fonds de sable, pour pondre et protéger leurs œufs.

Dans les profondeurs du Cap Corse, là où peu de plongeurs s’aventurent, se trouvent des oasis qui semblent résister à la destruction et à l’extinction, des trésors de vie et de connaissance. Dans la pénombre des profondeurs, la nature peut être éblouissante.